Prise de parole 14.06.23

juin 14, 2023

Promotion économique 2024 – 2027. Soutien à Suisse Tourisme

Chassot Isabelle (M-E, FR): Avec le porte-parole de la minorité, je suis convaincue qu’une réévaluation de la contribution attribuée à Suisse Tourisme est nécessaire et que, en soi, le montant sollicité serait à la hauteur des défis que doit affronter le tourisme à la sortie de la crise du COVID-19 et face à la concurrence des autres pays, notamment de l’Arc alpin. Notre collègue Erich Ettlin a mentionné les quatre domaines qui justifieraient la hausse des moyens demandés par Suisse Tourisme à 258 millions de francs, à savoir l’inflation internationale, la transformation numérique, la gestion du mix de marchés et la communication en matière de durabilité.
Je suis cependant consciente que ce montant représente une hausse relativement importante, de plus de 10 pour cent par rapport à la proposition initiale du Conseil fédéral et de la majorité de votre commission. Je me suis dès lors demandé quelles étaient, parmi les quatre domaines – dont je comprends l’importance, je le répète -, les priorités les plus importantes; en d’autres termes, les priorités les plus prioritaires. Nous le savons toutes et tous, c’est là un exercice qui nous attend dans beaucoup d’autres domaines les prochains mois. C’est une raison supplémentaire, à mon avis, de faire ce travail au scalpel plutôt qu’à la hache.
Concernant les quatre domaines mentionnés par le porte-parole de la minorité, j’arrive à la conclusion qu’une hausse est pleinement justifiée et nécessaire dans deux domaines: la compensation de l’inflation internationale et la gestion du mix de marchés. S’agissant en effet de l’inflation internationale, l’indication que les gains de change mentionnés dans le message permettraient de compenser l’inflation internationale ne correspond pas complètement, à mon sens, à la réalité du terrain de Suisse Tourisme. En 2022, en effet, selon ces calculs, les coûts supplémentaires liés à l’inflation étaient supérieurs de presque 50 pour cent aux gains de change. Dans les régions où l’inflation est la plus élevée, par exemple aux Etats-Unis et sur d’autres marchés lointains, le dollar est la devise de référence. Or, son cours est plutôt stable à long terme par rapport à celui du franc suisse.
Ainsi, les gains de change sont quasiment inexistants, surtout à l’international, et la perte de pouvoir d’achat impacte directement les budgets marketing. En d’autres termes, l’inflation sur les marchés lointains creuse un déficit de 8 millions de francs et, dans sa décision, le Conseil fédéral a pris en compte 3 millions de francs en raison de cette même inflation. Il reste donc 5 millions de francs qui devraient être accordés, à mon sens, pour les années à venir, faute de quoi ces montants devront être prélevés dans d’autres domaines.
Quant à la gestion du mix de marchés, j’ai été frappée par les efforts déployés par Suisse Tourisme pour ne pas simplement attirer davantage de touristes en Suisse, mais pour veiller avant tout à prévenir activement le surtourisme. L’objectif est que Suisse Tourisme attire les bons hôtes, au bon moment, au bon endroit, et pour des séjours aussi longs que possible. Le porte-parole de la minorité l’a indiqué. Cette stratégie implique de nouvelles mesures de marketing ciblées, mais ce type de mesures se révèle également beaucoup plus coûteux. C’est pour moi la seule stratégie porteuse à long terme, mais qui nécessite cependant une transition qui a un coût. Et si nous voulons mettre en oeuvre sérieusement une stratégie touristique durable, si nous souhaitons disposer d’instruments de marketing performants contre le surtourisme et si nous voulons également limiter à l’avenir à 20 pour cent la part des touristes issus des marchés lointains, alors Suisse Tourisme a besoin de moyens supplémentaires qu’il a estimés de l’ordre de 8 millions de francs.
Vous l’aurez compris: 5 plus 8 millions, soit 13 millions de francs, ce sont les moyens supplémentaires prioritaires justifiés pour Suisse Tourisme pour les quatre prochaines années. C’est la raison pour laquelle je vous propose d’attribuer une contribution de 246 millions de francs. Je vous remercie de soutenir cette proposition.